Quelques nouvelles de la guerre populaire en Inde
Né de la fusion du CPI (ML) PW et du MCCI en 2004, lors d’une rencontre conjointe d’une portée historique entre les comités centraux respectifs de ces deux organisations, le CPI (Maoïste) est le descendant direct des continuateurs de la révolte paysanne de Naxalbari de 1967. Le CPI (ML) PW et le MCCI, issus respectivement du CPI (ML) de Charu Mazumdar fondé en 1969 et du MCC de Kanai Chatterjee fondé en 1973, ont incarné, pendant de nombreuses années, les deux grands courants au sein du maoïsme indien. Trois ans après la fusion des deux comités centraux et des deux armées (la PLA et la PLGA), le parti unifié a tenu en 2007 son premier congrès (dit Congrès pour l’unité). Élisant un nouveau Comité central et renouvelant l’ensemble des instances centrales du parti (son bureau politique, sa commission militaire centrale, ses bureaux régionaux, etc.), le Congrès a adopté des mots d’ordre forts, tels que celui de transformer la guerre de guérilla menée par les révolutionnaires en guerre de mouvement.
Depuis lors, l’appel puissant lancé par l’avant-garde indienne à l’ensemble du peuple – ouvriers et paysans, indigènes et nations opprimées – a retentit fortement. Les succès répétés et grandissants de la guerre populaire dans la première décennie de ce siècle, au sein du fameux «corridor rouge», ont vite obligé les ennemis du peuple à répliquer férocement pour tenter de freiner la révolution. Depuis 2009, l’État réactionnaire indien mène une guerre impitoyable contre les communistes et terrorise l’ensemble du peuple indien sous le couvert de l’opération Green Hunt. Création d’unités et de divisions de l’armée spécialement entraînées à la contre-insurrection, présence militaire de l’impérialisme américain à des fins de formation et pour participer à la répression, paysans torturés et exécutés pour l’exemple, assassinats camouflés sous des fausses altercations avec les maoïstes : voilà un aperçu de ce qui a marqué le quotidien de la dernière décennie. Après une période difficile marquée par des reculs au sein d’anciens bastions communistes du territoire indien ainsi que par des arrestations de membres du Comité central et du Bureau politique, les camarades indiens affrontent la répression avec courage et sang-froid afin de conserver l’initiative. Malgré toutes les tentatives de l’ennemi pour l’écraser, l’héroïque guerre populaire en Inde se poursuit et se réorganise. En voici quelques nouvelles.
Lors de la dernière année, les rapports internes de l’État Indien ont témoigné à plusieurs reprises de l’inquiétude renouvelée des autorités devant l’immense travail déployé par les maoïstes pour se réorganiser dans l’Est du pays. Les rapports des renseignements indiens parlent même d’une reprise de l’activité des maoïstes dans l’État de Karnataka, au sud-ouest du pays.
Le 8 mai 2017, à la suite d’une rencontre chapeautée par le ministre de l’Intérieur et rassemblant des représentants des principaux États de l’Est, les forces réactionnaires indiennes ont adopté un plan conjoint visant à renouveler l’effort de répression. Surnommé SAMADHAN (solution), ce plan est une nouvelle tentative des classes dominantes d’en finir avec la présence persistante (ou d’empêcher le retour) des maoïstes au sein de plusieurs districts dans l’Est du pays. L’objectif de ce plan : améliorer la direction, la motivation et l’entraînement des troupes anti-naxalites, tout en permettant à la réaction de s’adapter encore plus à la lutte contre les communistes. De telles mesures doivent être mises en œuvre constamment par l’État indien pour se réadapter. La répression de la révolution en Inde démontre bien, une fois de plus, que dans toute guerre injuste, il faut sans arrêt réformer et chambarder les forces blanches : étant donné que celles-ci ne combattent pour aucun motif véritable, servent des intérêts contraires à ceux du peuple et ne sont animées par aucune conviction positive, elles sont facilement découragées.
Le plan de répression conjoint promettait d’être accompagné d’un renouvellement du matériel militaire à la fine pointe de la technologie. En plus des drones armés – déjà disponibles – dotés de détecteurs de chaleur corporelle pour repérer les soldats de la PLGA cachés dans la jungle, on devrait maintenant voir apparaître des fusils spéciaux fabriqués avec des gâchettes biométriques. De tels fusils sont censés être inutilisables par quiconque sauf par leur possesseur initial. Cet investissement pour des fusils de cette nature provient du désir de l’armée indienne d’empêcher les communistes d’utiliser contre elle les armes qu’ils récupèrent après avoir vaincu les forces de l’État Indien.
Un peu plus d’un an après l’adoption de ce plan conjoint par les ennemis du peuple, les maoïstes ont riposté avec leur propre plan. L’ERB (le Bureau régional de l’Est) du CPI (Maoïste) a décentralisé au cours de l’été dernier un document de 11 pages présentant un plan de contre-offensive surnommé GHAMASAN (fierté). Selon la presse indienne, ce document contiendrait des éléments de bilan importants concernant la lutte entamée depuis le début de la décennie contre l’opération Green Hunt. Promettant de multiplier et de développer les actions armées ainsi que de renforcer la liaison du parti avec les masses, cette initiative des maoïstes est une excellente nouvelle pour la révolution indienne. Il faut rappeler que le Bureau régional de l’Est est l’une des instances centrales les plus importantes du CPI (Maoïste). Selon les informations offertes par la presse bourgeoise, huit membres du Comité central y siégeraient et elle serait sous la direction immédiate de Kishan. Le camarade Kishan est un vétéran de la révolution indienne; il a été le Secrétaire général du MCCI et fait partie aujourd’hui de la haute direction du CPI (Maoïste). Le Bureau régional de l’Est a entre autres sous sa direction les États du West Bengal, de Jharkhand, de Bihar et d’Assam.
L’Est du pays demeure encore aujourd’hui l’un des plus grands terreaux de la révolution indienne. La forêt de Jharkhand est l’endroit supposé où la direction centrale permanente du parti aurait établi son quartier général. La raison en est que la forêt de Jharkhand reste un secteur difficilement accessible et difficilement prenable pour les forces réactionnaires. L’État du West Bengal, quant à lui, est le foyer historique de la révolte paysanne de Naxalbari et a joué un rôle de premier plan dans la formation de plusieurs générations de communistes. Le travail dans cette partie du territoire avait subi un important revers après l’assassinat en 2011 de Kishenji, un membre hautement qualifié du Comité central, responsable de la région. Comme quoi de tels revers ne sont que temporaires, les rapports des renseignements indiens ont récemment commencé à faire état de l’inquiétude des autorités par rapport au retour en force des maoïstes dans le West Bengal et à la réorganisation du comité du parti en charge de cette région. De nouvelles escouades armées ont été formées et ont commencé à passer à l’action. Ces escouades seraient sous l’autorité directe du camarade Akash, le secrétaire du comité au cœur de cette réorganisation et supervisant l’ensemble de cette partie du territoire.
Le corridor rouge, comme le surnommait avec terreur l’État indien, se reconstruit, combat après combat. Ce corridor, longeant l’Est de l’Inde du centre au sud, a regroupé les principaux secteurs d’activité de la guerre populaire. Cette zone, composée de plusieurs États comprenant chacun plusieurs dizaines de districts, constituait la plus importante sphère d’influence des maoïstes suite à la puissante impulsion révolutionnaire provoquée par la fusion de 2004. En plus des États de l’Est déjà nommés, on y regroupait les États du Chhattisgarh et d’Andhra Pradesh, ainsi que quelques districts d’Orrisa et de Karnataka. La présence des maoïstes dans cette partie du pays découle aussi du long travail politique effectué par le mouvement naxalite pendant sa progression historique. Le processus d’expansion générale de la guérilla sur le territoire a progressivement pris la forme, après 1967, d’un déploiement vers le sud à partir du West Bengal.
Récemment, le CPI (Maoïste) a appelé au boycott des élections des prochaines assemblées législatives dans deux de ces États, soit celui de Chhattisgarh et celui du Telangana. Les communistes ont appelé les masses populaires à rejeter les illusions réformistes, poursuivant ainsi la longue tradition de boycott des élections et de contestation armée du parlementarisme s’étant forgée en Inde depuis les années 1960. Les élections devraient avoir lieu le 12 et le 20 novembre dans le Telangana et le 7 décembre dans le Chhattisgarh. Des élections d’assemblées législatives ont lieu chaque année en Inde, avec une rotation annuelle entre les différents États – ce qui signifie, dans chaque État, des élections aux quatre ans. Autant d’occasions pour la guerre populaire de combattre la réaction et de mettre de l’avant le nouveau pouvoir en construction.
L’État du Telangana a été créé en 2014 à partir d’une ancienne section de l’État d’Andhra Pradesh. Andhra Pradesh a été, durant les années 1980 et 1990, l’un des bastions du CPI (ML) PW et du mouvement naxalite. La contre-insurrection se faisait une fierté d’avoir réussi à réduire considérablement l’action des maoïstes dans cette zone décisive. L’organisation du boycott des élections dans le Telangana est donc une excellente nouvelle. Quant à l’État de Chhattisgarh, il a été, dans les récentes années, l’un des piliers de la guerre populaire et constitue encore l’un des États avec le plus grand nombre de districts soumis à l’influence et à l’action des communistes.
Pour donner un exemple du type d’actions menées par les maoïstes dans cet État, une attaque explosive ayant éliminé quatre policiers y a eu lieu il y a quelques jours. Une telle attaque s’inscrit dans le combat que la guerre populaire mène contre les élections réactionnaires. Cette forme de lutte a été grandement développée en Inde par la guérilla maoïste, forçant l’armée indienne à développer son propre jargon pour s’y référer – les fameux IED (improvised explosive device) – et à former son corps de spécialistes pour tenter de s’en défendre, sans grand succès. L’impérialisme américain, terrifié, avait dû réagir de manière similaire devant la créativité militaire et politique du peuple vietnamien.
La guerre populaire en Inde est un combat héroïque de portée internationale! Les communistes et les peuples du monde entier ont les yeux rivés sur les progrès de cette révolution et suivent les événements avec un immense intérêt.
Appuyons la guerre populaire en Inde!
Vive le CPI (Maoïste)!